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Odette DURIEZ
Odette DURIEZ
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11 octobre 2010

La contre-réforme ne change pas de visage sur les femmes : elle reste profondément discriminatoire

Le Gouvernement vient d'annoncer des « concessions » pour «certaines mères de 3 enfants et plus » dans leur projet de contre-réforme des retraites. Des « concessions » ? Non. De la simple la justice sociale.

Personne n'est dupe d'une instrumentalisation de la question des discriminations à l'endroit des femmes pour fissurer l'opposition à ce projet de loi. Ce Gouvernement prend en otage les femmes en tentant à la fois de les opposer les unes aux autres, et à la mobilisation sociale en général. C'est bien le signe d'un pouvoir fébrile face à une journée de grêves et de manifestations qui s'annonce exceptionnelle mardi prochain.

Cette « concession » bien qu'allant dans le bon sens, ne change absolument pas le visage de cette contre-réforme concernant les femmes. Elle ne touchera qu'un public restreint alors que les inégalités discriminant les femmes à la retraite sont massives.

L'amendement ne prévoit que le maintien de la borne d'âge à 65 ans pour le départ sans décote pour les femmes mères de trois enfants et plus, nées entre 1951 et 1955, sous réserve de s'être arrêtées pour élever un enfant. Or, nous savons que l'impact de la maternité sur le niveau de retraite et le nombre de trimestres intervient dès le 1er enfant. Selon l'Insee, le taux d'activité à temps plein tombe à 30% pour les mères de 2 enfants. Cela se traduit pour les femmes par une baisse de 11% du salaire pour chaque année d'interruption dès le 1er enfant. C'est également oublier qu'une femme n'ayant pas d'enfant est également victime des écarts salariaux, des déroulements de carrière moindre, du temps partiel subi, du seul fait qu'elle est une femme.

Plus de la moitié des femmes touchent une retraite inférieure à 900€ et 30% d'entre elles doivent aujourd'hui attendre 65 ans pour partir à la retraite sans décote, souvent dans une grande précarité au regard du faible taux d'emploi après 60 ans.

Monsieur Woerth n'a de cesse de nous expliquer que la réforme des retraites ne peut pas tout et que c'est en amont au niveau des écarts salariaux et des carrières que tout se joue. C'est une évidence qui n'empêche pas l'exigence de fortes actions positives de rattrapage dès aujourd'hui.

Mais la l'article 31 avec lequel il entend justement agir sur l'égalité professionnelle est tout simplement cynique. Il prévoit une sanction financière, mais seulement pour les entreprises qui n'auront pas fait de plan d'action sur les inégalités salariales ou conclu d'accord sur l'égalité professionnelle en général sans aucune obligation de résultat. C'est un recul par rapport à la loi, de 2006, jamais appliquée, qui se donnait comme objectif non pas la négociation mais la suppression de ces inégalités salariales ! Qui plus est, avec cet article, le Gouvernement risque de se laver les mains de la grande loi spécifique sur l'égalité professionnelle maintes fois annoncée jamais réalisée.

Aussi, face à telle malhonnêteté nous ne pouvons rester silencieux. Les ministres de manière répétée nous expliquent que pour les femmes nées après 1960 les inégalités en terme de trimestres et de pensions vont tout simplement disparaître parce que davantage de femmes travaillent aujourd'hui. Ils partent en fait de la situation des salarié-e-s de 30 ans aujourd'hui pour extrapoler sur leur situation à la retraite dans 35 ans sans prendre en compte l'incidence que pourra avoir leur(s) éventuelle(s) maternité(s) future(s) et les freins à leur évolution de carrière plus tard, etc... et donc d'asséner de manière mensongère qu'elles auront même des trimestres en plus par rapport aux hommes !

Concernant les inégalités entre les femmes et les hommes, le Gouvernement doit avancer sur la question en décidant vraiment d'agir au niveau des surcotisations à la charge de l'employeur pour les temps partiels subis, en modifiant des modes de calcul des droits à la retraite particulièrement pénalisants pour les femmes ou encore et surtout en revenant sur l'allongement à 67 et 62 ans des bornes d'âge. Il doit entendre les amendements de nos collègues sénateurs socialistes.

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Odette DURIEZ
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